Le COVID-19 et ses implications sur les Droits et le Bien-Être des Enfants – Note d’orientation aux États membres de l’Union Africaine, CAEDBE, 2020

Auteur : Comité Africain d’Experts sur les Droits et le Bien-être de l’Enfant

Organisation affiliée : Union Africaine

Type de publication : Note d’orientation

Date de publication : 2020

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Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.


 

Le Comité Africain d’Experts sur les Droits et le Bien-être de l’Enfant (CAEDBE), organe de l’Union Africaine créé pour suivre la protection des droits de l’enfant sur le Continent, exprime sa grave préoccupation face à l’épidémie mondiale actuelle du virus COVID-19 et ses effets dévastateurs sur les droits et le bien-être des enfants en Afrique ;

Le CAEDBE reconnaît les diverses mesures prises par les États membres de l’Union Africaine pour accroitre le diagnostic de laboratoire, améliorer le dépistage aux points d’entrée et la surveillance, renforcer les mesures de prévention et de contrôle de l’infection afin de limiter la propagation et d’atténuer l’impact du virus COVID-19 ;

Souligner l’impact particulier de la pandémie sur les droits et le bien-être des enfants, et les mesures que les États membres devraient envisager conformément à leurs obligations conventionnelles en vertu de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant et d’autres instruments continentaux pertinents

En plus de ce qui précède, le CAEDBE souhaite également souligner l’impact particulier de la pandémie sur les droits et le bien-être des enfants, et les mesures que les États membres devraient envisager conformément à leurs obligations conventionnelles en vertu de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant et d’autres instruments continentaux pertinents.

Le CAEDBE souhaite souligner le fait qu’au-delà de ses impacts immédiats sur la santé des enfants et celle de leurs parents ou des personnes qui s’occupent d’eux, les perturbations sociales et économiques causées par l’épidémie portent également atteinte aux droits et au bien-être des enfants. Des rapports indiquent que des millions d’enfants en Afrique sont susceptibles d’être confrontés à des menaces croissantes pour leur sécurité et leur bien-être, notamment la violence sexiste, l’exploitation et la séparation d’avec leur famille.

Des millions d’autres sont « temporairement » déscolarisés en raison du COVID-19, avec le risque d’un abandon permanent, en particulier pour les enfants en situation de vulnérabilité, comme, entre autres, les filles, les enfants handicapés, les enfants issus de parents économiquement défavorisés et les enfants vivant dans les zones rurales pour ne citer que quelques-uns.

Des millions d’autres sont temporairement » déscolarisés en raison du COVID-19, avec le risque d’un abandon permanent, en particulier pour les enfants en situation de vulnérabilité

Sur la base des faits mentionnés ci-dessus et en réitérant les obligations de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant, qui exige des États qu’ils assurent la survie et le développement de l’enfant, en lui permettant de jouir du meilleur état de santé physique, mentale et spirituelle possible, le CAEDBE recommande vivement aux États membres de l’Union Africaine d’intégrer les mesures de protection de l’enfant suivantes dans leurs réponses à la pandémie mondiale du COVID-19 :

 

  1. Établir des procédures d’information et de communication adaptées aux enfants – Les États membres ont l’obligation légale de garantir le droit des enfants à recevoir des informations adaptées aux enfants sur les questions qui les concernent. Dans le contexte de la pandémie actuelle, toute information que les États membres fournissent au public concernant le COVID-19 doit être adaptée en fonction de l’âge et de la maturité des enfants. Le contenu des informations, la complexité des termes adoptés et les modes de transmission doivent tenir compte de leur niveau de compréhension.
  2. Mettre en place des procédures de quarantaine et un environnement adaptés aux enfants – Dans les cas où des enfants contractent le virus, les États membres pourraient appliquer une procédure de quarantaine obligatoire, qu’elle soit appliquée à domicile ou dans un autre lieu de confinement. Ces mesures, bien que nécessaires, peuvent avoir des effets multiples sur les enfants, allant de la privation de leur environnement familial au manque de nourriture adéquate, en passant par des niveaux accrus d’anxiété et de dépression. À cet égard, les États membres devraient répondre aux besoins des enfants en établissant une procédure de « mise en quarantaine adaptée aux enfants » (…)
  • Garantir le droit de chaque enfant à l’éducation – L’éducation, étant l’un des droits les plus fondamentaux de chaque enfant, joue un rôle irremplaçable dans la promotion et le développement de la personnalité de l’enfant, de ses talents et de ses capacités mentales et physiques dans toute la mesure de leurs potentialités. Selon le dernier rapport de l’UNESCO, au 19 mars 2020, plus de 850 millions d’enfants et de jeunes, soit environ la moitié de la population estudiantine mondiale, ne fréquentent pas les écoles et les universités en raison de l’épidémie ; ce nombre ne cesse d’augmenter à mesure que la pandémie se développe. Le COVID-19 place en effet le monde dans une situation d’urgence mondiale en matière d’éducation. L’impact de la fermeture des écoles est décourageant pour les enfants car il va au-delà de l’interruption des cours. Compte tenu de ces défis et d’autres encore, les États membres de l’Union africaine, en tant que principaux responsables de l’application de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant, en collaboration avec les organisations partenaires, sont invités à faire respecter le droit à l’éducation (…).
  1. Assurer l’offre continue des services essentiels qui sont cruciaux pour la vie, la survie et le développement des enfants – Le CAEDBE note que la pandémie perturbe l’offre des services essentiels qui sont d’une importance cruciale pour la réalisation du droit à la vie, à la survie et au développement des enfants. Ces services peuvent aller de l’accès aux services de santé essentiels aux produits de base qui pourraient sauver la vie des enfants, à l’accès aux nutriments, à l’eau potable, à l’assainissement et à une hygiène adéquate. (…) le Comité recommande vivement aux États membres d’identifier les services prioritaires qui ne peuvent être interrompus, même pendant la pandémie. Les services tels que les soins néonatals essentiels, le traitement de la diarrhée et de la pneumonie graves et les programmes de vaccination ne devraient pas être interrompus. L’interruption de ces services peut entraîner une augmentation de la morbidité et de la mortalité des enfants. Les mécanismes que les États membres mettent en place pour sauver les enfants du COVID-19 ne doivent pas les exposer à d’autres maladies hautement contagieuses.
  2. Veiller à ce que les enfants jouissent de leur droit aux soins et à la protection de leurs parents – L’Article 19 de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant le prévoit : « Tout enfant a droit à la protection et aux soins de ses parents et, chaque fois que possible, a le droit de résider avec ses parents ». Le CAEDBE note que la pandémie actuelle peut affecter la composition et le fonctionnement des familles, ce qui rend la réalisation des droits de l’enfant aux soins et à la protection des parents plutôt difficile. Les enfants peuvent également courir le risque d’une séparation familiale en raison du décès de leurs parents ou des personnes qui s’occupent d’eux, ou en raison des mesures de santé publique prises pour contrôler la propagation de la maladie. Le CAEDBE demande instamment aux États membres de mettre en place des mesures concrètes pour prévenir la séparation entre les enfants et leur famille, et d’assurer un soutien aux enfants qui pourraient être laissés seuls sans soins adéquats (…).
  3. Les réponses doivent être adaptées aux vulnérabilités particulières du groupe d’enfants concerné – : Les enfants ne constituant pas un groupe homogène, les répercussions des pandémies de cette nature sur les enfants, malgré leurs tendances communes, varient d’un groupe à l’autre. L’un des éléments qui définit cette variation d’impact est le niveau de vulnérabilité, qui est le résultat de divers facteurs. Certains enfants se trouvent plus vulnérables que d’autres en raison de leur statut social, de leur condition physique, des rôles de leurs parents, qui les rendent plus susceptibles de subir les conséquences de l’épidémie. La manière dont le COVID-19 affecte ces groupes d’enfants et d’autres groupes varie en nature. Compte tenu des besoins et des défis particuliers des groupes d’enfants susmentionnés et d’autres groupes d’enfants, les États membres devraient veiller à ce que leurs réponses en matière de protection de l’enfance lors de l’apparition du COVID-19 tiennent compte des besoins et des vulnérabilités spécifiques de tous les enfants.

le CAEDBE encourage les États membres de l’Union Africaine à entreprendre une évaluation nationale ciblée sur l’apparition du COVID-19 et son impact sur les droits et le bien-être des enfants

Sur la base des recommandations ci-dessus, et en vue d’évaluer le coût pour les enfants et d’identifier les mesures pratiques qui peuvent être prises pour atténuer les pertes, le CAEDBE encourage les États membres de l’Union Africaine à entreprendre une évaluation nationale ciblée sur l’apparition du COVID-19 et son impact sur les droits et le bien-être des enfants. Les résultats de l’évaluation pourraient également éclairer les stratégies d’intervention des États dans l’ère post-COVID-19.

Le Comité reste engagé à soutenir les États membres de l’Union Africaine dans leurs efforts pour protéger les droits et le bien-être des enfants en ces temps difficiles.

 

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